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Libération
Critique

Misères conjugales

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publié le 13 juin 2002 à 23h55

La caméra de Sou Abadi a capté durant trois ans les relations hommes/femmes à Téhéran. Son film (hélas amputé d'une demi-heure pour entrer dans les «cases documentaires» du service public) croise différentes situations vécues par des Iraniens de tous âges et de toutes conditions. On les suit lors de cours au planning familial obligatoire, de thérapie de groupe, dans une agence matrimoniale ou dans un centre d'aide aux démunis. Et plus on s'enfonce dans ce film passionnant, plus on s'affole de la condition féminine en Iran, vingt-trois ans après la révolution islamique. Au mieux, elle est prisonnière d'un paternalisme étouffant ; au pire, ce sont des coups quotidiens. Seul conseil aux femmes battues (délivré par une femme) : «Supporte un peu plus (sic).» Quant aux Iraniens plus aisés et ouverts au point d'oser un séminaire conjugal chez leur psy (ce dernier se considère comme un «luxe»), rien n'est simple non plus. Verdict cinglant d'une participante à l'un de ces forums : «Ils [les hommes] veulent quelqu'un qui n'a jamais rien fait ni rien vu, et qui doit leur faire la danse du ventre.» Reste que cette réflexion sur le désir sexuel masculin imposé et non partagé est un premier pas, même petit. Et les adolescentes envisagent en riant d'aller draguer sur l'Internet...

Pour toutes les autres, les plus démunies, la force de l'humour est le seul remède pour conjurer la misère économique et affective. Ainsi, cette femme indigente, obligée d'aller mendier quelques subsides, déclare