On pouvait craindre un excès d'abstraction de cette Revue «ambiancée» par le Britannique Brian Eno. L'ex-Roxy Music, pionnier de la muzak, producteur-éclaireur-baliseur, promène la réputation d'un artiste aux circonvolutions cérébrales. Et le magazine d'art contemporain d'Arte signe à la pointe du concept. Or, surprise, on comprend (presque) tout. Brian Eno, rare, peu enclin aux gesticulations télévisées, reçoit chez lui et met un point d'honneur à illustrer ses convictions. Pour lui, «la complexité naît de la simplicité».
L'héritier d'Erik Satie et de John Cage se définit comme un «non-musicien». Rappelle qu'il a «commencé la musique car cela [lui] semblait le meilleur moyen de peindre». Appliqué, précis, généreux devant la caméra, il nous fait découvrir ses dernières obsessions sonores et plastiques. Nous fait part de ses dernières réflexions qui mêlent ordinateurs, Mondrian et la lenteur qu'Eno considère, en substance, organiquement nécessaire à l'humain. Quand il exhume un jeu de cartes, conçu avec un copain et destiné à décoincer les blocages de la création, on se délecte. «Range», «Continue» ou «Honore tes erreurs comme un dessein caché», voici quelques-unes de ces «Stratégies Obliques». Précieuses prescriptions à méditer, les perles de cette Revue qui nous laissent éblouies. Au programme c'est la règle du jeu quelques escapades avec des artistes qui jouent la même partition que Brian. Vanessa Beecroft et ses femmes à la beauté réfrigérée. A Oslo, Sven Påhlsson comme