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Libération
Critique

Shining

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Ciné Cinémas 2, 0 h 50.
publié le 14 juin 2002 à 23h57

Ciné Cinémas 2, 0 h 50. Il arrive qu'écrire sur le cinéma soit plus important que le cinéma. Il arrive qu'un texte sanctifie un film, qu'il le fasse exister aux yeux du monde. Penser que Shining, par exemple, n'a pas besoin de Jean-Pierre Oudart pour exister serait une bêtise. Sans les mots d'Oudart, Shining ne serait qu'un pré-Scary Movie particulièrement virtuose, un rituel de mort de plus. Mais voilà, la prophétie s'est imperceptiblement déplacée. Depuis toujours, le frère parle pour le frère, Aaron sanctifie Moïse. «Je parlerai du film de Kubrick, écrit Oudart, selon la manière dont je l'ai reçu, une sorte de film-vidéo, une émission de télévision, une vidéo géante qui serait un film de terreur programmant une histoire de famille en fuite dans un délire de société.» Devant ces mots-là, des mots évidemment datés (Cahiers du cinéma, 1980), de ceux qui ne se rencontrent plus tellement ces temps-ci, on s'éprendrait presque de ces incursions peinturlurées dans l'ultraviolence. «Une émission de télévision», faut l'oser, ça. De Shining, JPO fait un chef-d'oeuvre de poésie tremblée, balbutiante, bégayante. Pourquoi parle-t-il si bien de ce film qui fait peur à tout le monde, au point de geler toute velléité d'écriture ? C'est juste que l'intelligence de JPO, son intelligence du cinéma, est la même que celle de Kubrick. Ils sont sur le même bateau. Le premier à débarquer parle pour l'autre, pendant que l'autre tangue encore.

«Une vidéo géante» : là, il met dans le mille, JPO. La p