«Ma vie. Tout le monde croit la connaître. Ça me donne parfois des fous rires», disait Aragon en préambule à son livre Je n'ai jamais appris à écrire (Flammarion). La thématique ambitieuse de France Culture devrait mettre de l'ordre dans les préjugés, avec quatre émissions quotidiennes. L'on y écoute l'écrivain converser avec, entre autres, Francis Crémieux et Jean Ristat. Aragon intervient pour se raconter, lui et son oeuvre, dans les limites qu'il se donne. A la question, deux fois répétée, de Francis Crémieux «Pourquoi écrivez-vous ?», il élude, préférant livrer l'influence de Colette : «Je me suis inspiré de Chéri pour mon personnage d'Aurélien.» Toujours avec Francis Crémieux, il débat de la signification du «je» dans ses romans : «Je ne peux pas dire, comme Flaubert, "Madame Bovary, c'est moi."» Et l'écrivain de s'expliquer toujours, de cette diction désuète qui dit le temps passé. Pas d'affrontement pourtant entre les deux hommes, pas même quand Francis Crémieux le met devant ses paradoxes. Aragon assume ses différences sans barguigner avec l'assurance du monument.
Avec Jean Ristat, l'ami, Aragon n'égrène aucun souvenir. Ils parlent boutique : sur le Libertinage, «Il faut l'entendre comme l'entendait le poète Théophile de Viau, le libre examen des idées», lui dit Aragon avant d'entrer dans le détail des nouvelles. La grande complicité de Ristat et d'Aragon ne se devine pas. Ristat sera pourtant l'exécuteur testamentaire du couple Triolet-Aragon. Il prendra la défense d