Ciné Cinémas 1, 20 h 45. Il est mort de quoi, Kubrick ? Personne ne semble s'être posé la question. Comme si sa mort était déjà annoncée, programmée. Quand il meurt, Kubrick n'a pas beaucoup plus de 70 ans (un jeune homme en regard d'Oliveira, serein et presque centenaire), et il emporte avec lui la formule secrète qui permettrait de déchiffrer ses allégories privées. Non que ses films soient spécialement obscurs, ils sont plutôt butés, fermés. Son ultime fantaisie amoureuse, Eyes Wide Shut, tenue par la critique néoclassique française comme un vrai testament, est considérée par les crétins américains comme un ratage désuet, une catastrophe en forme de valse viennoise. Comme toujours, la vérité est entre les deux, avec au moins une scène d'anthologie, celle où Nicole Kidman, à deux doigts de sortir de chez elle, s'essuie les fesses dans des chiottes d'une propreté livide. S'essuyer les fesses ? Reste à prouver que c'est ce qu'elle fait, là, aux yeux du monde.
On verra à la rentrée Choses secrètes, le chef-d'oeuvre de Jean-Claude Brisseau, une manière d'Eyes Wide Shut réussi. Sur un scénario voisin, traitant lui aussi de l'ambition sociale, de la jalousie et surtout de l'énigme de la jouissance féminine, Brisseau déroule comme un tapis d'Orient un mélodrame décalé, excessif, littéraire, qui ridiculise rétrospectivement les variations timidement obsessionnelles d'Eyes Wide Shut. A côté de l'audace cinématographique de Brisseau, les remords judéo-chrétiens de Kubrick paraissent