Dans le nouveau Leclerc, il y a «des prix cadeaux, des prix d'ouverture». Il y a du monde aux caisses, et dans les allées, c'est pire. Dans le nouveau Leclerc, il y a aussi Mourad, Kamel et les autres. Des gars du coin, qui parlent comme les gamins des parages, la tchatche tonique et pauvre, le phrasé sec des temps nouveaux. Aujourd'hui, c'est réunion. Le chef des vigiles parle, en claquant des mains comme si c'était utile. «La semaine prochaine, c'est la Toussaint. On va être débordés par les jeunes, mais débordés ! Je vous le dis clair et net, les petits, faut les éparpiller.» (clac) «Si t'achètes, t'es mon ami, si t'achètes pas, je te raccompagne à la sortie.» (clac) «Attention, le petit, il est vicieux. Il va te prendre pour un con, il va te dire "ouais, mais c'est bon", tout ça. Je vous le dis clair et net. (clac) Ils vont nous tester, mais nous tester !» Dans le nouveau Leclerc, une vieille cliente arabe parle arabe, et demande au costard de la sécurité si «Tu vas bien ? Les enfants ? La famille ?» C'est la banlieue, c'est Colombes, Clichy peut-être, ça pourrait être ailleurs. C'est l'heure où les chapardeurs défilent, des CD plein les poches. L'heure du tu peux tout faire, sauf te faire prendre. La vie en free style, et en reportage sans voix off, comme toujours. C'est encore Strip-tease. Sarkozy, tu devrais regarder ça. Dix minutes crues, drôles et brutes, où tout éclate, tout s'étale, la vie du dessous et la fauche sous les pulls, le face-à-face, deux mondes qui se
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