C'est un flash spécial. On maquille le présentateur. Un verre d'eau, deux bouffées de cigarette, et c'est l'ouverture d'antenne. «Nous confirmons l'attentat de cet après-midi au coeur de Jérusalem.» Rue Ben-Yehouda, 4 septembre 1997, huit morts, cinq Israéliens, trois kamikazes palestiniens. Des corps déchiquetés, du bruit, des vitres, un témoin, «c'était là-bas, il y avait une tête, tout simplement une tête. Je tournais autour d'elle et le temps s'est arrêté». Hystérie des images, hystérie de cette guerre civile en mondovision qu'on connaît si bien et si mal, l'arrière-fond de nos JT sans fond, depuis quand, déjà ? Et maintenant, ça, qu'on ne voit jamais : Das Attentat, sur Arte. Des mères et des pères, des maris et des épouses, de victimes ou de coupables. Des Palestiniens et des Israéliens, la vie qui recommence là où elle s'est arrêtée. De part et d'autre, le courage de comprendre, de parler et de se parler. Une droiture inouïe, une dignité absolue, ici ET là. «J'ai vu ma fille sur une civière à la télévision, alors j'ai couru d'hôpital en hôpital. Mais je savais qu'elle était morte. Elle n'avait pas téléphoné. J'ai mis des vêtements qu'elle aimait pour qu'elle ouvre les yeux et qu'elle me voit habillée comme elle aimait.» L'Attentat/Das Attentat, l'anti-télé centrifugeuse. Un de ces retournements où l'écran nous rend enfin si petits, pétrifiés, au fond du canapé et de nos solitudes. La mère d'une victime : «Le terroriste, je ne lui en ai pas voulu. Il ne m'intéressait p
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