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Libération
Critique

Conte de printemps

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Ciné Cinémas 3, 14 h 50.
publié le 2 juillet 2002 à 0h16

Pas loin de treize ans que ce beau film romantique est sorti, inaugurant une série de comédies psychologiques rohmériennes, les Contes des quatre saisons, avec l'impertinence et la fraîcheur de ton du plus jeune des représentants de la nouvelle vague, qui va allégrement sur ses 85 ans. Ce délai suffit-il pour restituer le film dans une filmographie toujours en mouvement, l'une des plus singulières et des plus attachantes du cinéma français ? A l'époque, on s'est surtout étonné de la perfection plastique de ce Conte de printemps, une manière très peu rohmérienne d'accorder presque autant d'importance au jeu des couleurs qu'aux jeux des sentiments. En le revoyant, on est frappé par la sérénité paysagiste du film, un sentiment de plénitude, d'équilibre, qui contraste avec l'étrange jubilation du cinéaste, une jubilation de jeune homme débusquant les pièges de l'amour comme si c'était la première fois.

Au centre de ce conte immoral, les tentatives maladroites d'une jeune fille pour marier son père. D'un côté, la beauté changeante d'Anne Teyssèdre, de l'autre, les bégaiements charmants de Hugues Quester, remarquable dans son imitation pince-sans-rire d'Eric Rohmer lui-même. Ils sont au centre de ce ballet sentimental dont la sensualité renvoie aux émois gamins de la Collectionneuse, le film le plus érotique du plus vieux teenager du cinéma français. L'un des aspects récurrents du cinéma de Rohmer, c'est la tentation de la pornographie, déjà repérable dans les premiers succès popul