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Libération
Critique

Seventies, une légende en boîte

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publié le 2 juillet 2002 à 0h16

Si, à la fin des années 70, Paris avait le Palace, à New York, son pendant branché s'appelait le Studio 54. L'endroit, ancien opéra relifté avec sa scène, ses lustres descendant jusqu'à la tête des clients et, plus tard, sa passerelle VIP, était le bébé de deux juifs new-yorkais : Steve Rubell et Ian Schrager, 34 et 31 ans à l'ouverture. Aussi dissemblables que possible, ils illustraient a priori le refrain de Opportunities, le tube des Pet Shop Boys en 1985 : «I've got the brains/you've got the looks/let's make lots of money.» Le cerveau, c'est Schrager, qui s'assure dans l'ombre que la boîte tourne rond. Le beau gosse, c'est Rubell, pur party animal assez sociable pour offrir de la coke à pleines rasades à ses invités qui, en plus d'une présence gay massive, sont peu ou prou le gotha du show-biz d'alors : Bianca Jagger, Liza Minelli, Liz Taylor, Gloria Gaynor, Andy Warhol, Cher, Steven Tyler d'Aerosmith... Mais le Studio 54, qui lança la vogue du physionomiste intransigeant, ouvrait aussi grandes ses portes à tous ceux dont le look hors normes attirait les regards et faisait parler du club dans la presse. Quant à l'argent, il coulait effectivement à flots. Sur le seul exercice comptable 1977, les deux compères dissimulent à l'IRS (le fisc américain) quelque 2,5 millions de dollars en cash. Se vantant un peu trop de leur bonne fortune, le duo chutera (deux ans de prison) avant la rédemption propre à toute success story américaine (via l'hôtellerie). En 1989, Rubell meurt du