Cinéma et musique, c'est pareil. Modestie des refrains d'images, certitude que la grande époque du disque et du cinéma est révolue. Plutôt que de réviser les filmographies des derniers cinéastes portatifs, mieux vaudrait se soucier de ce que l'industrie du disque et celle du cinéma, au-delà de la simultanéité de leur invention, souffrent du même dépérissement marchand. PrettyWoman, on ne se lasse pas de le voir, comme jadis Cléo de 5 à 7, joli film poétique à la modestie distante qui tranchait avec les artifices d'auteur des collègues de la Nouvelle Vague. Même si on n'est pas une fille, ce qui arrive, on peut aimer voir et revoir ces refrains d'images entêtants, ces happy ends programmés, ces films chansons qui peuvent même se chanter sans chanson, par la seule répétition de leur thème, de leur refrain.
Avant d'être une merveille modeste de Gary Marshall (l'auteur de Pretty Woman), Frankie and Johnny était une chanson. Dans le film, on s'en souvient, c'est Pacino et Pfeiffer, l'impossible amour d'une blonde usée par la vie et d'un cuisinier qui ne sait pas comment sortir d'un tableau d'Edward Hopper. Frankie and Johnny, c'est aussi un film oublié dans lequel Elvis Presley (Johnny) joue de ses charmes au fil du Mississippi, en costumes datés et paillettes. Il y a même un ballet dans lequel sa partenaire, Frankie, le tue à bout portant dans une crise de jalousie chorégraphiée comme à l'Alcazar. Cette histoire, cette chanson, l'une des plus belles du répertoire américain, les p