Hawks avait un problème avec ce film. C'est là, sur l'écran, en plein milieu. Faut être aveugle pour ne pas le voir. Deux énormes yeux surlignés au khôl qui regardent le spectateur, et lui demandent, d'un air insistant : tu ne trouves rien qui cloche, là ? Ce que prétendent en l'occurrence les faiseurs de légendes, aidés par les racontars de cinéastes vieillissants qui veulent avoir la paix et qui veulent aussi l'avoir, leur légende , c'est que Hawks a réalisé trop tard, dans ce péplum décalé, qu'il ne savait pas comment parlait un pharaon. C'est pourtant une idée taillée sur mesure pour lui. On s'étonne même qu'il n'y ait pas pensé plus tôt, qu'il n'ait pas cessé d'y penser, le temps que durent les jours et les nuits, une éternité à l'échelle de l'Egypte.
Comment parle un pharaon ? Scénario hawksien, gag hawksien. Logique, les idées, chez Hawks, participant toujours du gag. Comment parle le pharaon ? Jack Hawkins, le gros Jack Hawkins, on lui met quels mots dans la bouche ? Il parle doucement, il aboie ? Comment parle-t-il à son amoureuse, la jeune Joan Collins ? Personne n'est là pour le dire. Le temps sera donc le sujet du film. Le temps passé à ne plus savoir comment parle un pharaon, le temps d'oublier ceux qui l'ont su. Le temps de se faire construire une pyramide où ne jamais cesser penser au temps, au temps qui ne revient jamais. En Cinémascope processionnel (Lee Garmes, Russel Harlan), sur une partition plus hollywoodienne qu'orientale (Dimitri Tiomkin), Hawks dir