Menu
Libération
Critique

Pègre et ténèbre

Article réservé aux abonnés
publié le 12 juillet 2002 à 0h23

Très proches dans leur thématique mais très éloignés dans leur traitement, Desperate et la Rue de la mort sont deux raretés à petits budgets réalisées par Anthony Mann à la fin des années 40. La sueur perle le long des visages. On aperçoit des ombres, des faces patibulaires. Une ampoule suspendue au plafond rythme sur un tempo monocorde les coups. Dans une cave, Walt Radak (interprété par Raymond Burr, le Lars Thorwald de Fenêtre sur cour et futur «Homme de fer» pour la télé) menace Steve Randal (Steve Brodie). Ce dernier est accusé du ratage d'un cambriolage. Steve réussit à s'enfuir. Recherché par les malfrats et accusé par la police d'en être, il n'aura de cesse de se cacher pour protéger envers et contre tout sa femme qu'il ne sait pas encore enceinte. Dans Desperate comme dans la Rue de la mort, un enfant doit naître ; il s'agit de savoir dans quel monde.

Pour le casting de la Rue de la mort, Anthony Mann est allé pêcher ses têtes d'affiche du côté des Amants de la nuit (1949) de Nicholas Ray, puisqu'il a fait appel à Farley Granger et à Cathy O'Donnell pour jouer des amants lambda, les jeunes innocents en prise avec le mal. Tenté de voler 200 dollars pour payer l'accouchement de sa femme, le jeune facteur Joe Norson (Farley Granger) en volera malgré lui 30 000, une somme résultant d'un chantage et d'un meurtre. Réalisé avec une sobriété chirurgicale, d'une beauté entière du début (le New York quadrillé par des tours) à la fin (la poursuite), la Rue de la mort est un fil