«Plus on monte haut dans l'arbre, plus on devient fragile.» Le mathématicien Aubert Mukendi, dont les interventions font office de fil rouge dans ce riche documentaire, a sans doute trouvé la formule idoine pour qualifier l'itinéraire hors normes de Mobutu Sese Seko. L'homme à la toque en peau de léopard qui voulait être le roi du Zaïre (ex-Congo belge, et désormais République démocratique du Congo). Il y parvient durant trois décennies, avant de finir ses jours en exil au Maroc, le 8 septembre 1997, loin de la terre de ses ancêtres.
Le réalisateur belge Thierry Michel a consacré plus de deux heures trente à cet homme impavide, au visage impénétrable et mélancolique (1). Il n'en fallait pas moins pour rappeler les conditions de son ascension, son règne shakespaerien et sa chute pitoyable. Trahisons, exécutions, corruption, faux complots et vraies guerres civiles : le téléspectateur suit, fasciné, les aventures du maréchal Mobutu. Témoignages de première main et séquences d'archives judicieusement choisies se succèdent sans que jamais l'attention ne retombe.
Thierry Michel a donné un sous-titre en forme de clé à son documentaire : «Tragédie africaine». Tragédie, en effet, que l'histoire de ce pays qui, tout juste souverain, verse dans la guerre civile (au Katanga). Tragédie que l'élimination de Pa trice Lumumba, le héraut de l'indépendance congolaise, organisée par le chef de l'armée Mobutu. Tragédie que ce peuple confit dans l'adoration d'un demi-dieu qui pille consciencieusem