Lorsqu'elle pleure, elle détourne le regard et cache son visage de la main. Lorsqu'il pleure, il nous quitte des yeux, abandonne ses lèvres et laisse aller. Elle est victime, il est combattant. Elle est somalienne, il est guatémaltèque. Toute sa vie, elle a fui. Toute sa vie, il s'est battu. Deux enfants, devenus femme et homme sous le regard d'une même caméra. Stig Holmquist est suédois. Il y a des années, le réalisateur a recherché six gosses de 13 ans aux tourments d'adultes. En Papouasie, il a rencontré Adwani Gaibale. Torse nu, bois dans le nez, le gamin chassait à l'arc, prétendant une plume d'oiseau la feuille morte touchée par sa flèche. A Belfast, il trouve Sheila McGuire la catholique, qui grandit entre injures loyalistes et fusils anglais. En Tanzanie, c'est Soroji Getalanda qu'il découvre. Lance sur l'épaule, drapé de safran, il aide au bétail à travers les broussailles. Naoto Ebara est japonais. Il vit tête basse, fermé et gris. La Somalienne, c'est Sahra Abdi Elmi et Eusebio Jeronimo Pablo, le Guatémaltèque. Holmquist filme ces enfants, les écoute, les aime. Et se met en tête de les retrouver vingt ans après. Aujourd'hui, ils ne sont plus que cinq. Naoto, l'écolier triste, est mort tristement. Dans sa cabane en bois, l'archer d'hier parle d'acquérir des actions pour acheter sa terre. L'Irlandaise rêve à jamais d'un ailleurs sans briques. L'enfant berger de Tanzanie est devenu homme berger de Tanzanie. Restent Sahra et Eusebio. Il y a vingt ans, chassée d'Ethiop
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