Amandine soulève son tee-shirt et montre ses seins. Elle porte des lunettes noires. A la jeune fille, le chirurgien a dit : «L'opération s'est bien passée.» Elle proteste. «Vous êtes difficile et capricieuse.» Elle s'effondre. «Avec les seins que vous aviez, on ne pourra pas faire de vous Marilyn Monroe.» Elle a 22 ans, voulait se reconstruire autrement, ou belle, ou différente. Et voilà ce qui reste. Mamelons arrachés, tissus brûlés, tailladés, réduits par un carnage de cicatrices. Le médecin a fauté. Monique, elle, dresse ses bras au-dessus de la tête. Lorsqu'elle parle, elle se dissimule. Enfouie derrière une écharpe, protégée par des verres fumés. La chirurgie plastique a creusé ses bras, arraché la viande humaine comme un chien avec les dents. La dame fait revenant de guerre, saccagée de mitraille et ravinée d'éclats. Le médecin a fauté. Pour le geste, Claudine remet le masque réparateur, rigide et transparent, qu'elle a porté dix-huit heures par jour pendant deux ans. Il colle à la peau, la rassemble, l'empêche de glisser, comme s'il retenait le désordre des chairs. Peeling désastreux. Une faute, encore. Josiane, elle, ne montre pas. Du buffet de la salle à manger, André sort un cadre doré grand comme sa main. «C'était ma femme avant.» Visage allongé, regard sombre et beau, sourire. Plus tard, Josiane la femme devient Josiane la mère. Elle accouche une fois, deux fois et deux fois encore. A 32 ans, la femme n'aime plus les seins de la mère. Alors, une clinique de Chare
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