«Dieu ne peut pas être partout, c'est pourquoi il a créé les mères.» Ce proverbe juif ne suffit pas à rendre compte de la représentation de la mère juive au cinéma. Le stéréotype de la mère omnipotente, abusive et autoritaire a la vie dure, mais le documentaire de Monique Schwartz vient à bout du cliché. Sans doute parce que la réalisatrice, fille d'Autrichiens émigrés en Australie, ne reconnaissait pas sa mère dans les personnages de juives qu'elle voyait au cinéma. Postulat naïf qui est aussi le point de départ d'une réflexion minutieuse et intelligente. Extraits de films et témoignages d'historiens, de réalisateurs et d'acteurs dessinent le contour d'une figure beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, variant selon les époques et les pays, c'est-à-dire selon l'idéologie qui la sous-tend.
Ainsi les films muets des années 20, période d'immigration massive aux Etats-Unis, font de la mère juive le symbole de la lutte des immigrants sur la terre promise. Dans Hungry Hearts de E. Mason Hopper (1922), par exemple, la mère, au contraire d'une femme résignée et geignarde, se bat contre un propriétaire véreux. Tandis que le père, dépositaire de la tradition, porte la barbe et la kippa, et étudie pieusement, la mère incarne au cinéma la volonté d'assimilation des juifs d'Europe centrale. Cette image évolue et, dans la décennie suivante, les films yiddish célèbrent presque immanquablement le retour des enfants dans le giron maternel, plein d'amour et de sagesse, après avoir échoué dan