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Libération
Critique

L'argent du terrorisme

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publié le 2 septembre 2002 à 0h50

«Lutter contre le terrorisme, c'est d'abord identifier les mécanismes économiques qui le financent.» Fort de ce constat, Michel Koutouzis, ancien membre de l'Observatoire géopolitique des drogues et aujourd'hui consultant auprès des Nations unies, a convié le réalisateur Patrice Le Gall du Tertre pour une enquête au long cours dans le monde musulman, qui ouvre la copieuse programmation d'Arte pour le premier anniversaire des attentats du 11 septembre. Un road-movie très pédagogique de Londres à Londres en passant par le Cambodge, la Malaisie et l'île Maurice, où Koutouzis, en Tintin reporter adepte de la caméra cachée, fait parler des trafiquants en tout genre, des chefs religieux exaltés et des banquiers pas trop regardants sur l'éthique. Les Blanchisseurs du jihad lève ainsi une partie du voile sur les interdépendances des réseaux financiers, islamistes et criminels, avec la bénédiction plus ou moins intéressée des milieux politiques. Un peu hors sujet quand il s'attarde sur le modèle «islamiste high tech» de la Malaisie, le film captive en revanche lorsqu'il explique les traditions financières du monde musulman, toujours vivaces même au sein de grandes banques occidentales : la hawala, qui permet des transferts de fonds d'un bout à l'autre de la planète, sans formalités ni traces ; et la zakat, une taxe de 2,5 % sur les biens dormants que tout bon musulman doit reverser à des oeuvres de charité, comme les écoles coraniques. Mal employée, la zakat peut ainsi financer discr