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Libération

Papillons

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publié le 2 septembre 2002 à 0h50

«Pourquoi t'es pas à la télé ?» C'est un copain qui a demandé ça à Houcine. Parce qu'à 22 ans, le vendeur de vêtements chante, et danse, et fait marrer. «C'est vrai que je suis beau, dit Houcine, et en fin de compte, ça m'est venu très vite de m'aimer à ce point.» Jérémy, lui, a 17 ans. «Un de mes rêves, avoue-t-il, c'est d'être reconnu dans la rue, que les gens m'appellent par mon prénom.» Comme Isabelle, 27 ans, qui imagine parfois que la porte du stock de son magasin s'ouvre sur une scène. Ou Rudy, fils d'exilés, qui répète qu'il veut «prouver que même un petit Portugais des Vosges peut réussir».

Et encore Florence, Stéphanie, Isabelle. Ils étaient dix mille à se rêver chanteurs, trois cent cinquante à être auditionnés et ce soir-là, en direct, ils sont seize avant de n'être qu'un (1). On connaît la formule, entre Loft et Gravelotte. On vous enferme, on vous regarde, on vous élimine. Selon les professionnels, ces seize-là ont «quelque chose», une présence, un regard, un culot, une manière, une «graine de voix». Seulement voilà, ce sont des enfants. Des chanteurs d'arrière-cours, des danseurs de campings. Tout à apprendre, à comprendre, et seulement trois mois pour devenir. Au vainqueur, le séisme : un million d'euros, un album, un concert à l'Olympia. Dans trois mois.

Pour l'instant, ils abordent leur première lumière. Font les gestes de comment on fait à la télévision. Sont un peu perdus, les enfants, savent pas bien. Clin d'oeil, bonjour aux parents comme au spectacle de