Des quelques années passées sur les bancs de la fac, on se souvient surtout d'un ennui douceâtre, des heures tuées sur la banquette élimée d'un café à ne pas refaire le monde. On n'est pas les plus à plaindre, n'ayant pas connu de la misère en milieu étudiant ce mouroir juvénile qu'est la cité U. On prendra donc celui d'Age sensible, la nouvelle série pour ados de France 2, pour argent comptant, feignant de croire ce que nous dit le dossier de presse, que, de ses fenêtres, «on peut apercevoir "la vraie vie"». D'autant plus qu'elle est produite par Capa Drama, l'antenne fiction de l'agence de presse, que c'est tourné caméra à l'épaule en mini-DV dans un décor naturel (l'aile hors d'usage d'une clinique). C'est moins joli que la cafet' d'Hélène et les garçons, pas de couleurs pastel ni de plantes vertes dans les couloirs. Les personnages d'Age sensible sont trop vieux pour croire encore au vert paradis des amours enfantines. Fatia a souffert de la promiscuité avec ses frères et travaille pour payer ses études ; Elodie est déjà militante dans l'âme et la caricature ; Pierre est handicapé, plutôt cynique et tyrannique avec son frère Thomas, souffre-douleur suintant de culpabilité ; Bertrand, sous ses airs de matheux bourrin et bricoleur (il répare tout dans cette cité U délabrée) trimballe la souffrance d'être orphelin de mère ; Julie est gourde, la faute à des parents trop protecteurs ; Martial est un rebelle à deux balles, qui fume des clopes et boit des bières à l'aube, avant
Critique
Faculté facultative
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par Etienne SORIN
publié le 3 septembre 2002 à 0h51
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