2001, cinquantenaire de la mort de Louis Jouvet, homme de théâtre. Le Festival d'Avignon passe commande d'un hommage de son choix à Didier Bezace, directeur du Théâtre de la Commune à Aubervilliers. Hommage à Jouvet, cour d'honneur du palais des Papes, ses hautes murailles, son mistral de fin du monde qui parfois se lève... N'en jetez plus dans les difficultés... Eh bien si ! L'excellent Bezace s'en est allé rien moins qu'à l'Ecole des femmes. On sait que Molière fut la grande affaire de Jouvet. Entré en théâtre avec Jacques Copeau en 1911, il se donna pas moins de vingt-cinq ans avant d'aborder Arnolphe, l'un des rôles d'homme les plus énigmatiques, attirants, du théâtre de Molière. Christian Bérard et lui conçurent un décor d'une intelligence rare : deux murs placés à l'oblique qui s'ouvraient ou se fermaient sur l'intérieur de la maison.
Dans sa mise en scène, captée par un habile habitué de la cour d'honneur, Don Kent, Didier Bezace a misé sur l'horizontalité. Un tréteau nu, des dessous d'où surgissent les comédiens. Dès la première scène d'exposition entre Chrysalde (Christian Bouillette, très bon) et Arnolphe, les enjeux sont plantés. Comme planté, Pierre Arditi, accroché à sa valise et à sa haine du monde ce monde auquel il a entrepris de soustraire Agnès (superbe Agnès Sourdillon), la jeune fille qu'il se destine, naïve nécessairement et sotte. Le reste est connu...
Ce qui l'est moins, c'est le parti pris de Bezace et d'Arditi de faire de ce lointain cousin du Misant