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Libération

Misère

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publié le 11 septembre 2002 à 0h56

Bernard Tapie feint la stupeur. Sans retenue, il ouvre la bouche, les yeux, les bras, les mains, comme le convive qui se lève au milieu du repas pour contrer la remarque du bout de table. «Mais c'est quoi, la misère sexuelle ?», interroge Tapie. Penché en avant, front plissé, il attend la réponse de Philippe Sollers. Parlant des clients de l'amour tarifé, thème du débat, l'écrivain venait d'affirmer : «90 % des hommes sont dans une grande misère sexuelle.» Et l'autre a bondi. «C'est quoi ça, la misère sexuelle ?» Sollers joint ses mains. Il dit : «C'est qu'ils ne sont pas contents, que ça ne marche pas avec leur femme.» Tapie joue le courroux. «Et les femmes, elles ne sont jamais dans la misère sexuelle ?» «Si, mais si, justement», tente son invité. «Mais c'est quoi, ces conneries ?», continue Tapie. Il tourne sur lui-même, prend les applaudissements du public à témoin, roule du regard, mime l'agacement théâtral (1).

L'animateur parle gras, l'invité répond maigre. Au premier les répliques du boulevard, au second les apartés d'alcôve. Tapie insiste. «Excusez-moi, je ne comprends pas ce que vous voulez dire quand vous dites "la misère sexuelle".» Sollers est assis, Tapie debout. Il surplombe, arpente, brasse l'air de ses mines. Crieur de bazar, il va finir par nous vendre la poêle en titanium. Prestidigitateur, il va faire disparaître un cheval. «Accord parental souhaitable», conseillait la chaîne avant l'émission. «Alors hein ? C'est quoi, la misère sexuelle ? C'est quoi ? C'e