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Libération
Critique

Corto décortiqué

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publié le 12 septembre 2002 à 0h57

Programmé à l'occasion de l'adaptation au cinéma de Corto Maltese en Sibérie par Pascal Morelli (Corto Maltese, la cour secrète des arcanes, sortie en salles le 26 septembre), le documentaire les Treize Vies de Corto Maltese de Jean-Claude Lubtchansky enchaîne plusieurs histoires sur un même plan. Des voix racontent. L'une, avec un accent italien, parlera pour Hugo Pratt : «Je pourrais raconter ma vie de treize façons différentes mais je ne sais pas s'il y en a une qui est vraie.» Corto Maltese, sondeur du monde entier, héros rimbaldien par excellence, parlera aussi. Le documentaire se poursuit en épousant les flottements entre l'Histoire et les histoires que Pratt n'a cessé de travailler. Il y a les vraies vies et les fausses, les minuscules et les historiques. Né le 15 juin 1927 près de Venise, Hugo Pratt a connu la guerre. Véritable bourlingueur, il eut un enfant en pleine Amazonie. Corto Maltese serait à la fois son alter ego parfait et son aîné. Corto a 17 ans en 1904. Mais le véritable Corto de carton prend vie dans les reliefs de l'encre de Chine, dans la confusion entre le rêve et le reste. Il y a d'autres voix. Celles des femmes qui motivent les épopées et les aventures. Il y a aussi Venise, ville symbole, point de rencontre entre le merveilleux et l'Histoire.

Pratt campe dans la cité des doges son labyrinthe en devenir : ruelles cachées ou culs-de-sac, petites places, dédales de signes gravés sur les murs. Venise réunit les contraires : comme Hugo Pratt, le héros de