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Libération
Critique

Compliments d'objets

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publié le 19 septembre 2002 à 1h03

«La matière m'emmerde», déclare le pop designer Philippe Starck, qui certes crayonne depuis qu'il est enfant, «refuse tout obstacle», affectionne les «illusions d'optique», prône l'accessibilité d'une chaise, manie 260 projets en même temps, passe «une minute à créer mais 59 à faire le con»... Il se défausse assez vite du design. Le portrait qui ouvre ce soir la thématique Design ne peut pas échapper à l'exhibitionnisme inhérent au personnage. Et les auteurs Roland Allard et Pierre Doze accompagnent clairement le bonhomme Starck vers son envie d'être autre chose qu'un designer. Jusqu'à le laisser s'autofilmer avec une caméra DV. De Formentera, où il sort de l'eau tel un Monte-Cristo, à son mariage ­ «un pas beau» avec une belle jeune femme ­, il sifflote, se fait chef d'orchestre, lui qui vit dans une «permanence de musique». Il évoque quelques-unes de ses pièces, comme ses nains de jardin, une «façon de péter à table face au minimalisme ambiant.» Il ne joue pas trop sur la corde des discours de gourou malin qu'il sait si souvent tenir et oublier. Mais il va au-devant des critiques, s'autocritique. «Je suis comme un enfant, je me mens» ; on le dit «mythomane, vantard, suffisant, quel gros con... !» Lui qui tire sur «la matière comme sur un élastique», s'amuse à tirer sur lui-même. Jusqu'à s'autofatiguer ? Mais il n'a qu'un désir : comme ses objets, de la brosse à dents à la chaise «Wim Wenders», être aimé, ou s'auto-aimer ! Pour irriter un peu plus, il convoque le personnage