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Libération
Critique

Violence masquée

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publié le 30 septembre 2002 à 1h10

On ne verra jamais Zacharia, élève jusque-là «énervé mais pas violent» au collège Pierre-de-Geyter de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ­ 500 élèves, autant de boules d'énergie. Quelques minutes auparavant, Zacharia a frappé une enseignante. Il est dans le bureau de madame la principale, hors champ. Elle essaye de lui faire comprendre que c'est de sa vie qu'il s'agit. Il se tait. On ne le verra pas plus, trois jours plus tard, devant le conseil de discipline qui prononce son exclusion. Madame la principale parle de «déchirement», dit que «la mission, c'est de garder les élèves, de leur délivrer des apprentissages. Là, on a fait l'inverse». Madame la principale, elle, on la voit tout le temps. Une main de fer dans un gant de fer, et un coeur en or. Un Sisyphe déguisé en mamma pour sauver des gamins qui flirtent chaque jour avec la rupture ­ scolaire, sociale, familiale...

Madame la principale ­ la vraie et le film ­ poursuit le boulot commencé il y a dix ans sous le regard d'une autre caméra, celle de Maria Roche (Une vie de prof). A l'époque, à de-Geyter, ça râpait et ça rappait. Une prof dansant une valse de Vienne et des élèves chantant un opéra venaient transpercer de quiétude un univers chaotique. Cette fois, Schubert enrobe tout de son envoûtante mélancolie et on soupçonne que ça cache quelque chose de plus grave. Ici, la question serait : qu'est-ce qui a le plus changé en dix ans à l'école, de la violence ou du regard que l'on porte dessus ? Ou bien : est-ce qu'une caméra