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Libération
Critique

Frontières amères

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publié le 1er octobre 2002 à 1h15

Pour la quasi-totalité des Arabes, Israël est un obsédant inconnu, un trou noir fascinant et répulsif, une «terre rêvée et barricadée». Danielle Arbid, jeune réalisatrice franco-libanaise pleine de talent et d'invention, a entrepris au printemps de «cerner Israël comme Israël cerne nos vies depuis longtemps». Un périple de quatre semaines qui la conduit du sud du Liban à l'Egypte en passant par le Golan syrien et la vallée du Jourdain, comme un portrait en creux, par l'absence. Avec des questions toutes simples, presque naïves, Danielle Arbid, révèle «le prétexte à [nos] excès, et l'alibi à [nos] régimes».

Chez les militants du Hezbollah, le mot Israël n'existe tout simplement pas : c'est la Palestine occupée. Dans le camp palestinien de Rachidiyeh, près de Tyr, les enfants de réfugiés peuvent presque voir à l'oeil nu le village dont leurs grands-parents ont été chassés en 1948. Moins d'un après-midi de marche et déjà trois générations d'attente et de désespoir. En Syrie, la frontière est verrouillée, comme tout le reste... Même en Jordanie, la police empêche la réalisatrice de parler politique avec des jeunes. En Jordanie, on voit les lumières de Jérusalem, la nuit, du haut du mont Nebo. Depuis Aqaba, les grands hôtels d'Eilat se détachent dans le noir. A un point de passage, elle rencontre un Palestinien israélien, une contradiction vivante. Il trouve ça naturel : «Avant, c'était la Palestine, elle est devenue Israël.» Au moment du tournage, l'armée israélienne rase le camp