A 81 ans, Eric Rohmer remettait au goût du jour cette bonne vieille Révolution française sous un jour inattendu, en utilisant avec fraîcheur la technologie dernier cri. A l'encontre des paramètres académiques du film historique (représentation spectaculaire de l'événement, dramaturgie nouée au coeur de l'action) se sont mis en place des partis pris aussi séduisants qu'opérationnels : Paris reconstitué à partir de tableaux de l'époque reproduits numériquement, décors picturaux dans lesquels les figurants et les acteurs, en venant s'y incruster, donnent l'impression de s'engouffrer dans le passé pour le décliner au présent, tout le défi de Rohmer consistant à évoquer la Terreur du point de vue de ses contemporains, dans sa quotidienneté, à partir des coulisses, autant dire à abdiquer l'attirail historico-idéologique qui s'est déposé comme une tonne de poussière, depuis des lustres, sur cet épisode peu ragoûtant des soi-disant Lumières. S'interroger sur l'option «réac» du film, sous prétexte qu'il met en scène une royaliste fervente, relève du gag puisque c'est justement son objectif que de revenir à la source du mot, au tranchant de cette guillotine actionnée par l'opposition révolution/réaction.
L'Histoire se fait dans l'interaction entre public et privé, le film se construit entre événements connus (hors champ) et réactions individuelles, dans l'intimité des salons ou l'ombre des porches. Le passé s'atteint, en dehors des préjugés, par les opinions et les émotions de deux per