New York de notre correspondant
Au panthéon des héros américains, Tony Soprano aurait bien piètre allure. Pas un épisode sans que le mafieux de la série d'HBO exhibe son ventre bedonnant et son torse velu sous son tricot de corps. Avec ses manières d'ours mal léché et ses sourcils broussailleux, Tony (l'acteur James Gandolfini) se bourre de Prozac et passe ses après-midi en psychanalyse, quand il n'engloutit pas des sundaes couronnés de chantilly avachi devant sa télé, dans sa maison du New Jersey. Et bien sûr, à ses heures perdues, il tue ou fait tuer tous ceux qui osent se placer sur son chemin. Pourtant, chaque dimanche soir, Tony fascine l'Amérique.
Lancés en 1999, les Sopranos ont connu un succès fulgurant. Trois ans plus tard, le téléfilm est devenu bien plus qu'une simple série télévisée. Durant le lancement de la quatrième saison en septembre, les Sopranos ont battu tous les records d'audience pour une chaîne câblée aux Etats-Unis. Le premier épisode a rassemblé 11,3 millions de spectateurs, plus que tous les programmes des networks traditionnels. Et cela alors que la chaîne HBO n'est reçue que dans un tiers des foyers télévisés américains ! Le New York Times parle de phénomène «socioculturel». A ce jour, une demi-douzaine de livres ont été publiés pour analyser le «raz de marée Sopranos». Sur l'Internet, on compte une cinquantaine de sites dédiés à la série. Les DVD et CD Sopranos sont en tête des ventes, et des tours en bus sur les différents lieux de tournage ont ét