Lille de notre correspondante
La Voix du Nord, journal issu du mouvement de Résistance du même nom, a-t-il une mémoire de son passé antinazi ? La famille de Sosche Schor, juive lensoise originaire de Pologne, a failli en douter. Le Canard enchaîné a révélé hier que cette famille n'avait pu publier un avis de décès dans lequel figuraient les mots «nazi» et «milice française».
La famille de Sosche Schor avait souhaité faire passer, dans la rubrique nécrologique de la Voix du Nord, l'avis de décès de cette centenaire, accompagné d'une pensée pour son premier mari, Abraham Salik, «fusillé par la Milice française en 1943», et pour son compagnon Fred Bachman, «rescapé des camps nazis». L'annonce est parue en ces termes dans le Monde et dans le Figaro, mais pas dans la Voix du Nord. Le responsable de la rubrique nécrologique a demandé à la famille de modifier son texte. «Fusillé par la Milice française» s'est transformé en «fusillé en otage» et «camps nazis» est devenu «camps de concentration».
Outrageant. Au nom de quoi ? «On ne peut pas publier un avis de décès qui prête à débat, explique au Canard enchaîné le responsable des nécrologies de la Voix. Nos lecteurs d'extrême droite auraient pu nous reprocher les termes utilisés. Car il y aura toujours des gens qui contestent l'existence des camps nazis. Des enfants de miliciens auraient pu se sentir visés. Et puis, nous ne sommes pas là pour dire que Pétain a fait fusiller des gens.»
Michèle De Conninck, ancienne déportée à Ravensbrück,