Lorsque Patrick Balkany arrive, l'un de ses hommes a pris une jeune fille par l'épaule. Nous sommes dans une rue de Levallois-Perret, le 12 septembre 2002, à dix jours de sa réélection comme maire avec 54 % des voix. La jeune fille est très émue. Un mouchoir à la main, les yeux rougis, ses gestes disent que la vie n'est pas juste. A ses côtés, son ami. Il la regarde, il est blême (1).
«Faut pas pleurer pour une contravention, quand même», dit l'homme du maire. Il sourit, bonhomme, mâche un chewing-gum, tout étonné par le tragique. Le jeune couple vient juste d'être verbalisé. Balkany est de dos. «Bon, mais j'ai trouvé ça petit, dit la jeune fille, de nous regarder nous garer, de nous laisser partir et de nous mettre la contravention.» Son ami approuve, le regard rivé sur elle. «C'est la police nationale, lâche le maire avec fatalisme, ils n'ont pas été très sympa, là.» Elle approuve, essuie son nez. Le jeune homme désigne son amie du doigt. «On est jeunes et 35 euros, pour nous, c'est pas...» «C'est ça, la police de proximité ?» coupe la jeune fille, désorientée.
Balkany se rapproche. Sa voix grave, posée, tranquille. «Vous l'avez, votre contravention ?» La fille est prise de court. Elle touche son sac à main, regarde derrière, secoue la tête. «Vous l'avez ?» interroge à son tour le mâcheur de gomme. Elle se frotte les yeux, dit : «Elle est dans la voiture.» «Ben, donnez-la», lâche Balkany. Elle a un rire nerveux. Le jeune homme file vers le véhicule. «On va vous la faire saut