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Libération
Critique

Le Tour infernal

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publié le 9 novembre 2002 à 1h42

Le rock fut inventé pour sortir les petits garçons des pattes possessives de leur maman. Avant, la guerre faisait ça très bien, puis elle vint à manquer. ça rame depuis en matière d'initiation à la vie, à la mort. Cameron Crowe est un cinéaste bizarre, capable de croûtes à tel point irregardables qu'elles en deviennent fascinantes (Vanilla Sky récemment, avec un Tom Cruise dépassé par les événements) et de choses plus personnelles torchées avec finesse. C'est le cas de Presque célèbre qui surprend par sa sincérité nostalgique et son écriture alerte, inspirée de l'adolescence du cinéaste, lequel fut propulsé rock critic pour le magazine Rolling Stone pendant l'âge d'or (Neil Young, Led Zeppelin...).

La délicatesse du film vient de ce qu'il ne se croit pas obligé d'être aussi rock que son sujet, s'épargnant l'esthétisme échevelé et m'as-tu-vu habituel, pour raconter avec humour et tendresse les affres de deux antihéros, deux laissés pour compte des sunlights, le journaliste rock («l'ennemi», forcément) et la groupie professionnelle (utilisée et jetée comme un Kleenex après usage). Crowe invente un groupe fictif, Stillwater (copié de Humble Pie ou des Allman Brothers, les spécialistes hésitent encore), qui embarque dans sa tournée le jeune William Miller (Patrick Fugit) et la charmante Penny Lane (Kate Hudson) tombés sous le charme du guitariste du groupe, star montante jouée sobrement par Billy Crudup. L'abyssale immaturité du milieu, naïveté sans borne et cynisme amateur, le s