Menu
Libération
Critique

Le jour où ils l'ont dit

Article réservé aux abonnés
publié le 12 novembre 2002 à 1h44

«On n'oublie jamais la date. Moi, c'était le 6 octobre 1993 à 10 heures du matin.» Violette parle de son fils. Pas du jour où il est né, non. Du jour où il lui a dit qu'il était homosexuel. Sur le plateau, les visages sont concentrés. On l'écoute. On vient de voir un reportage particulièrement touchant où Jonathan, jeune étudiant, annonce à ses grands-parents son homosexualité, «pour leur faire comprendre que les homos, ce n'est pas ce qu'ils voient à la télé. C'est pas la cage aux folles. C'est peut-être pas non plus top top, mais bon...» Nous, téléspectateur, on n'en revient pas. M6 avait démarré cette série de magazines, Demain tous... en janvier 2002 avec un concentré de ce qui fait de plus glauque et voyeur à la télévision (Demain tous... obsédés). Et voilà que sur un sujet «polémique» comme le rappelle à tout bout de champ la présentatrice (l'homoparentalité, le coming out), ils nous déballent un truc qui sonne juste. Cinq reportages où, pour une fois, les caméras ne suivent pas leurs cobayes dans les moindres recoins de leur intimité, attendent sur le pas de la porte que Jonathan parle à sa grand-mère, Romain à son père. Bien sûr, on n'évite pas les commentaires du genre «Romain et Jean-Luc sont très fleur bleue» ou encore le sujet sur «Thomas-du-Loft qui revient dans son village». Mais, chose suffisamment rare, même la stupidité des questions posées en plateau n'enlève pas aux invités leur pertinence. «Est-ce que c'est pas égoïste d'avoir un enfant quand on est homos