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Libération
Critique

Violence et fantasmes

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publié le 16 novembre 2002 à 1h47

En guise de prégénérique, Stan joue à la poupée. Il maltraite gentiment des poupées Barbie, les tord, comme il fera avec José, la femme de Gilbert. José finit sur un lit d'hôpital, cassée, et tandis que Gilbert veille auprès d'elle, elle prononce le nom de Stan. Elle l'aime encore, ou alors elle ne l'aime pas mais elle prononce son nom comme une femme qui aime un homme qui joue à la poupée avec son corps. L'amour n'a rien à voir là-dedans. Elle y a cru un peu, le temps d'une escapade au bord de la mer, remake d'Un homme et une femme, où José et Stan jouent à cache-cache sur la plage, entre les épaves de bateau. L'épave, tout un symbole, sinon pourquoi Stan la plante-t-il dès qu'elle lui parle d'amour ? Les hommes sont lâches, Stan et Gilbert font semblant de vouloir se donner la mort sur un toit de Paris, tandis que José se laisse écraser par un train, et si elle en réchappe, elle n'y est pour rien.

Si la Prisonnière est le dernier film de Clouzot, tourné en 1968, ce n'est pas son film testament. C'est son «film malade», pour reprendre les mots de Truffaut, le film d'un cinéaste qui meurt dix ans plus tard et qui n'a pas tourné depuis presque dix ans, depuis la Vérité et à la place de l'Enfer, film inachevé. Film malade et morbide, mélo sado-maso vu à travers le prisme de l'art cinétique, esthétique forcément datée, la Prisonnière est le film le plus autobiographique de Clouzot. Autobiographique dans le sens où il y projette ses fantasmes avec le moins de retenue, avec une vi