«J'ai appris de Hitchcock comment commencer une scène en pleine action», disait Michael Powell. En l'occurrence, un pilote anglais sur le point de sauter sans parachute de son avion en flammes échange par radio quelques mots avec une aiguilleuse du ciel américaine. Coup de foudre verbal sans avenir entre deux inconnus : un type en plein ciel déjà happé par une mort inévitable, une fille au sol, dans le monde des encore vivants. Originalité et fantaisie se maintiendront à ce niveau d'émerveillement tout au long d'un film endiablé (au sens du rythme et au sens où le diable s'en mêle), signé en 1946 par le tandem Michael Powell-Emeric Pressburger, déjà responsables du film de guerre le plus inattendu qui soit (Colonel Blimp), répondant cette fois à une commande du ministère de l'Information britannique qui voulait un truc cool pour détendre les relations anglo-américaines alors chiffonnées. Résultat : l'histoire d'un pilote à qui les puissances célestes, furieuses qu'il s'en soit tiré, intentent un procès dans lequel le procureur est américain, et l'avocat de la défense, anglais... Difficile de trouver un script plus aberrant dans toute l'histoire du cinéma ! Un an avant la méditation éthérée du Narcisse noir, quinze ans avant le Voyeur dont sa carrière ne se releva pas, Powell s'amuse avec une fable qui mixe le monde d'après vie et le monde d'avant mort, le noir et blanc clinique du premier et les délices technicolorés du second, s'autorisant des arrêts sur image intempestifs,
Critique
Une question de vie ou de mort
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par Isabelle POTEL
publié le 19 novembre 2002 à 1h49
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