American Beauty est un descriptif au vitriol, très story-boardé, du concentré de névroses, de haines, et de comportements pathétiques que serait devenue la middle-class américaine rongée par la frustration sexuelle et un mode de vie consumériste. Soit une famille lambda, mère (Annette Bening) obnubilée par la réussite sociale et la soie italienne de son canapé, père loser traînant son ennui, fille ne rêvant que de les voir crever. Comme voisinage, une autre famille atteinte jusqu'au trognon : homosexualité refoulée, voyeurisme chronique, violence physique. Premier film de Sam Mendes, salué, aux côtés de Magnolia, de Paul Thomas Anderson, comme signe d'un regain de vigueur contestataire à Hollywood, American Beauty force le trait jusqu'à une glauquerie problématique, en dépit de sa virtuosité et de la justesse de son diagnostic (way of life américain dans l'impasse). La caricature ici vire au ricanement grinçant, le mépris du regard de Mendes est total. Le pater familias castré, joué génialement par Kevin Spacey, dont le film raconte à la fois la révolte et la mort précoce, atteint notamment des niveaux de concupiscence ahurie inutilement exagérée. Ce qui fait l'originalité satyrique du film constitue également sa limite. Anglais, Sam Mendes vient de la scène, le scénario est d'ailleurs signé Alan Ball, théâtreux à succès : American Beauty n'est finalement qu'une transposition au cinéma de l'outrance boulevardière, ce qui l'inscrit dans une tradition illustrée en son temps pa
Critique
American Beauty
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par Isabelle POTEL
publié le 21 novembre 2002 à 1h50
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