François Loncle a la parole. Vivement il se lève, prend place dans la travée et rajuste le micro, sourire errant. «Ma question, dit le député socialiste, s'adresse à monsieur Francis Mer, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie (1).»
«Lors du dernier Conseil des ministres, relatant votre entretien avec le responsable de la Bundesbank, vous avez déclaré ceci.» Loncle met ses lunettes. Il lit. Sa main tremble un peu. «Le président de la Bundesbank affirme que la seule solution pour relancer l'économie, c'est la guerre.» Sur son banc, Francis Mer écoute. Bras croisés, visage clos. Sa bouche est un trait mécontent dessiné vers le bas. «Et vous avez ajouté, devant vos collègues quelque peu abasourdis : Je pense exactement comme lui.» Chahut de droite à gauche. Le maillet du président tente de contenir le vacarme. «Ces propos ont été rapportés par le Figaro et m'ont été confirmés par l'un de vos collègues, continue le député. Nous souhaitons savoir si cette étonnante sortie est un dérapage de plus dans votre expression politique ou si elle correspond au fond de votre pensée.»
Francis Mer se lève. Ses mâchoires sont soudées. Il marche bras écartés vers le micro, s'en empare. Jean-Louis Debré ordonne le silence, frappe son pupitre du plat de la main. La parole est au ministre. Il se tient très droit. Jette des regards autour de lui. Serrés sur le micro, ses doigts sont blancs. «Jamais je n'aurais cru rappeler dans cette enceinte la haine que j'ai pour la guerre.» Il a d