Madrid de notre correspondant
Du nord au sud du Portugal, la langue russe progresse lentement mais sûrement. Le passant un tantinet attentif peut l'observer sur certaines affiches publicitaires, sur des devantures de boutique ou de restaurant et, surtout, dans les kiosques à journaux. Disponibles à Lisbonne et Porto, mais aussi à Aveiro, Leiria ou Figueira da Foz, trois hebdomadaires russophones cohabitent désormais avec les grands titres de la presse portugaise. Ils ont pour nom Slovo, Nacha Gazeta et Imigrante.
Depuis les années 90, le Portugal est devenu terre d'élection de milliers de citoyens de l'ex-URSS : Moldaves, Ukrainiens, Biélorusses, Russes, Lituaniens... Malgré l'arrivée de nombreux diplômés (médecins, ingénieurs, architec tes...), l'immense majorité travaille dans la construction, la restauration ou les entreprises de nettoyage. Ils seraient aujourd'hui 400 000 immigrants d'Europe de l'Est répartis dans tout le pays, surtout sur le littoral, dont seulement un quart est en situation légale.
Isolement. «C'est un nombre considérable. Si on les compare à la population active portugaise, les russophones représentent 10 % du total», explique Vitali Serebiakov, 72 ans, directeur-fondateur de Slovo, et l'homme qui est à l'origine de l'émergence de la presse en russe au Portugal. Après vingt ans de bons et loyaux services à l'ambassade soviétique aux Etats-Unis, c'est lui qui a pressenti la nécessité d'informer les immigrants russophones du Portugal. L'idée a porté ses fr