Le jeudi 19 octobre 1995 au matin, un petit juge français, marié et père de famille, détaché auprès du ministère de la Justice de Djibouti, est retrouvé mort par une patrouille de police. Le corps était à demi-calciné, recroquevillé dans des rochers en contrebas d'un ravin, à des kilomètres de Djibouti. Les premières constatations, aussitôt relayées par l'ambassade de France, sont formelles : Bernard Borrel, 40 ans, s'est «immolé» dans un geste de désespoir. Les autorités françaises ne sont jamais revenues sur cette thèse officielle, réfutée depuis maintenant sept ans par la veuve du juge. Elisabeth Borrel, magistrate elle aussi, est convaincue qu'on a éliminé son mari.
Bernard Borrel n'a laissé aucun message, sa veuve ne sait toujours pas pourquoi il aurait choisi cette mort si spectaculaire, la nuit et dans un lieu isolé. Les résultats de l'autopsie conforteront Elisabeth Borrel et son avocat Olivier Morice : il n'y avait pas de suie dans les poumons, le corps a brûlé après la mort. Le suicide est alors devenu une affaire. Plusieurs juges d'instruction se sont succédé sur le dossier, d'abord à Toulouse d'où les Borrel sont originaires, puis à Paris. Après de nombreux aléas, l'enquête de la justice n'est toujours pas close. Celle de Canal + apporte plusieurs témoignages inédits, qui tous appuient la thèse de l'assassinat. Ainsi, l'ancien chef de la garde présidentielle de Djibouti, Ali Iftin, qui a pris la fuite en Ethiopie avant de trouver refuge à Bruxelles. Il assure qu'à