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Libération
Critique

Sur la route de Madison

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TCM, 18 h 20.
publié le 3 décembre 2002 à 1h59

Aimer un film, c'est souscrire un contrat avec lui. Dès les premières notes de musique, on sait si on va aimer ou non, s'abandonner ou fermer l'oreille. On se disait ça l'autre jour, en prime time, devant Harry, un ami qui vous veut du bien, un film vendu à sa sortie comme un vrai Hitchcock à des spectateurs qui n'en demandaient pas tant, alors que c'est à l'évidence du sous-Chabrol. Ce Harry-là marche à la musique et à rien d'autre. Il n'est pas le seul, mais là, c'est évident. Dès les premières notes en forme de pastiche de Bernard Hermann, le film te demande si tu veux avoir peur. Tu dis oui, tu dis non. Si tu dis oui, tu es parti pour deux heures de suspense glauque, à te miner les sens devant ton poste. Si tu dis non, tu te contenteras d'écouter de loin la musique inefficace d'une machinerie midinette aux allures de sous-documentaire pervers.

C'est un peu pareil avec les machines néoclassiques de Clint Eastwood, le golfeur reaganien qui passe, du côté de chez nous, pour un mélange de James Stewart et de John Ford. Deux ou trois notes de musique, en général du jazz easy listening concocté par Lennie Niehaus, l'ami du maître de cérémonie, témoignant de la déchéance de cette musique pour petits-fils de bibliothécaires, et le spectateur décide s'il fera le voyage. Le seul Eastwood qui vaille qu'on le regarde autant qu'on l'écoute, c'est Sur la route de Madison, un mélodrame d'amour dans lequel l'acteur-réalisateur se fait vieux beau avec un art de la ballade chansonnière tou