Des soucoupes en quantité innombrable, disques stellaires réduits à leur propre signe, s'alignant abstraitement comme des notes sur une portée musicale, comme des lettres d'imprimerie, comme les bits d'une intelligence artificielle. Et puis, en lettres gothiques grandiloquentes et baveuses, évoquant un genre d'épouvante appartenant à la préhistoire, s'affiche le titre du film, en désaveu de ce générique high-tech et comme aveu du va-et-vient incessant et troublant que Tim Burton cultive entre passé et présent, résidus de mythologie et fragments de modernité. Certes, Mars Attacks ! bouffe à tous les râteliers, c'est même sa raison d'être : comédie d'anticipation potache recyclant aussi bien l'esprit heroic fantasy, la BD, les années télé et la science-fiction de série Z, ce fut en 1997 un remède bienvenu à l'emphase boursouflée et militariste de blockbusters comme Independence Day.
Aussi parodiques et caustiques que leurs ancêtres les Gremlins de Joe Dante, les Martiens de Tim Burton n'ont d'autre mission que de foutre le bordel sur Terre et de tuer le maximum d'abrutis, président des Etats-Unis en tête (Nicholson, facultatif). Entreprise de nettoyage du plus haut comique (une colombe de la paix rôtie à l'humour grinçant de Burton), massacre vengeur, irréalisme libérateur. Tim Burton, là encore, campe à la frontière du merveilleux et du cruel, comme si le cinéaste, tout en s'essayant à des genres différents, conservait la même matrice à son inspiration, ce point de vue ado sur