Il s'appelle Miguel Escobar, il défend les droits des ressortissants mexicains aux Etats-Unis. Il explique : «La stratégie des services américains d'immigration a été de déplacer le flux migratoire des passages traditionnels vers d'autres points où la traversée est très dangereuse : des déserts, des montagnes.» Le téléphone sonne. Il répond puis reprend : «Je peux vous dire que c'est une des pires tâches qui soit. On appelle une personne qu'on ne connaît pas. Tout de suite, les gens sont sur la défensive. Ils s'attendent à tout.» Miguel Escobar a le regret d'annoncer la mort des proches aux familles. Filmé fin 2001 au Mexique puis aux Etats-Unis, De l'autre côté évoque les inépuisables tentatives des migrants mexicains dans leur volonté de passer la frontière. Le beau film de Chantal Akerman ne parle pas d'un côté plus que de l'autre mais de l'entre-deux. La réalisatrice a filmé des lieux vides et sans vie, balayés par le sable, plombés par le soleil et la sécheresse. Sur le bord de la route, on écoute les déracinés. Avec une voiture en guise de rail de travelling, on embrasse un long mur de tôle ondulée. Au point de traversée légal entre le Mexique et les Etats-Unis, la caméra avale des longues files de pick-up et de 4x4. Qu'il y ait plusieurs frontières ne fait pas de doute. De nuit, des spots sont braqués sur le Mexique comme pour insister. Sur quoi ? Sur qui ? Du côté américain on parle de guerre quotidienne. Un panneau affiche un «Halte à la montée du crime, notre propr
Critique
L'entre-deux-mondes
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par Donald JAMES
publié le 16 décembre 2002 à 2h09
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