Menu
Libération
Critique

Le Rebelle

Article réservé aux abonnés
Le Rebelle TCM, 20 h 45.
publié le 16 décembre 2002 à 2h09

Ce film vaut ce que vaut un bon Vidor. Intelligence des passions, intelligence de l'Amérique, intelligence du cinéma. Dans la mesure où le cinéma n'a pas grand-chose à voir avec l'intelligence, on dira qu'un Vidor ne vaut pas grand-chose. Et les chefs-d'oeuvre muets comme la Grande Parade, la Foule, Show People ? A part les grands burlesques (Chaplin, Keaton, Langdon, Laurel et Hardy...), le muet ne nous parle plus. C'est dommage mais c'est comme ça. Et la sensualité powellienne de Ruby Gentry ? Et les langueurs sternbergiennes de Duel au soleil ? Mieux vaut un vrai Michael Powell, un vrai Sternberg, non ? Même Northwest Passage, le plus beau Vidor, le plus sauvage, le plus brutal, avec son merveilleux lyrisme pré-fullérien, ne vaut pas le Fuller de Baron of Arizona ou du Jugement des flèches.

Reste le Rebelle. Il vaut plus pour ses acteurs que pour ses idées. Sans Gary Cooper, sans Patricia Neal, sans leur charisme et leur amour qui brûle la pellicule, ce serait un navet américain de plus, une énième variation sur l'éternel dilemme entre l'art et l'argent, l'intégrité et la compromission, comme seuls les crétins américains savent en pondre. Ce qui sauve cette biographie décalée de l'architecte Frank Lloyd Wright du désastre, c'est l'amour d'un homme et d'une femme, ce suspense d'amour filmé dans un noir et blanc fulgurant par Robert Burks, quelques années avant qu'il ne le mette au service d'Hitchcock. Dans la vraie vie, Gary Cooper a trahi son amour, il a abandonné Patricia