Savoir gré à Kazan d'avoir découvert Brando et James Dean, deux acteurs de légende qui ont déplacé un temps l'imaginaire hollywoodien, ce qui n'est pas rien. Se rappeler aussi que c'est Kazan qui leur a permis, à l'un comme à l'autre, de signer au moins un bon film : Un tramway nommé désir, avec sa belle théâtralité, et A l'est d'Eden, le seul James Dean où passe un souffle de vérité, et qui vaut bien l'interminable slogan d'images de Nicholas Ray, la Fureur de vivre. Kazan était aussi un amateur de femmes, de jolies femmes. Dans Splendor in the Grass (la Fièvre dans le sang), il suffit de quitter l'attachante Natalie Wood, la fiancée d'amour de Warren Beatty, et de s'attarder plutôt sur les deux autres filles du film pour s'en convaincre. Quand le jeune Beatty abandonne sa fiancée par lâcheté de classe, il épouse une belle Italienne, jouée par la ravissante et sensuelle Zohra Lampert. Mais c'est la soeur de Warren Beatty qu'il faut regarder. Dans le film, elle se suicide. Dans la vraie vie, le cancer l'a emportée. C'est Barbara Loden, l'une des nombreuses épouses de Kazan, et l'auteur de Wanda, l'un des seuls vrais autoportraits de femme du siècle dernier (avec Deux Fois de Jackie Raynal et Je, tu, il, elle de Chantal Akerman).
Kazan a un rapport à la fois lyrique et physique aux choses de l'amour, ce qui change des grands homosexuels hollywoodiens comme Fritz Lang, Cukor ou Minnelli. Regarder pour s'en convaincre l'autre chef-d'oeuvre de Kazan, le Fleuve sauvage. Les cinéph