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Libération
Critique

Colette en ses demeures

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publié le 18 décembre 2002 à 2h10

Chats et chiens voluptueux et noctambules, réjouissez-vous, cette nuit ne sera pas vaine ! Sans raison précise, acte gratuit, joyeux, Arte nous offre un inédit, vingt-cinq minutes en compagnie de la Dame du Palais-Royal. Réalisé en 1950 par Yannick Bellon, ce petit objet inclassable nous promène dans quelques-unes des quatorze demeures qu'habita l'auteur de la Vagabonde.

Le texte est de Colette, dit par elle, sa voix de Bourguignonne, ses mines de chatte non point naïve, mais délurée et charmeuse et si sage. De la «grande maison, grave et revêche» de son enfance, son jardin du haut, son jardin du bas aux odeurs d'aubergines, de piments, d'abricots tiédis sous le soleil, à la mythique Treille muscate, c'est une balade, orchestrée par l'écrivain elle-même parvenue au soir de sa vie. Et quelle vie ! Jeune mariée, elle débarque rue Jacob, avec Willy l'ambigu, dans un appartement doté d'un «portique de gymnastique et d'un chien bouledogue au grand coeur».

Elle s'envole rapidement, et on retrouve avec délices les photographies de ses pantomimes, jugées alors scandaleuses ­ imagine-t-on aujourd'hui Christine Angot à demi nue jouant l'Oiseau de nuit ou la Chair ?

Dans son «chalet de Passy», elle mène une «vie véritablement féminine, émaillée de chagrins ordinaires et guérissables, de révoltes et de rires et de lâchetés.» Voici la Bretagne, le temps du Blé en herbe, tendres et clandestines amours avec le jeune Jouvenel. Puis, ce sera le Palais-Royal, jusqu'à la fin de sa vie, voisine de