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Libération
Critique

Faux pas Poucet

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publié le 21 décembre 2002 à 2h13

Ben alors ? Un conte de Perrault revisité par l'auteur de Déjà mort, premier film audacieusement jeté dans les tourments de l'addiction, avait de quoi intriguer ; ce type a de la ressource, on se disait. Certes, Olivier Dahan n'est jamais en panne d'inspiration formelle, mais, dans le cas de ce Petit Poucet pourtant choyé (les moyens sont là), son agilité expérimentale tourne à vide. Sans doute qu'en chaussant des bottes de sept lieues, Dahan s'est retrouvé trop éloigné du septième art : le film semble avoir été tourné par un réalisateur suspendu dans les airs, s'interrogeant sur ce qu'il fout là-haut ; il demeure englué dans les studios qui l'ont vu naître, chaque plan lesté de fonds peinturlurés paresseux où se dessinent en pauvres ombres chinoises, tristes marionnettes, le Poucet et sa famille. A travers des feuillages stylisés, abstraitement découpés et jamais loin de la déco de Noël chez Habitat, la forêt ne respire pas. Elle est pourtant le personnage prioritaire du conte, la matrice de la peur, la palpitation fantastique primordiale.

A l'exclusion d'une course-poursuite avec loups très réussie, le film est bizarrement statique. Or le conte de Perrault est initiation à l'espace, au déboussolage spatio-temporel, à la fuite. Dahan ne s'extrait pas du livre pour le faire cinéma, on demeure emprisonné dans l'illustration, le collage, l'autosuffisance du dessin. Le cinéaste a porté ses efforts sur l'actualisation du conte, ce qui donne un chef de guerre aussi madmaxisé que s