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Libération
Critique

Fondues de cinéma

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publié le 21 décembre 2002 à 2h13

Comment vont-elles, les vaches folles de Sa Majesté, après tout ce temps ? Même les excentricités saumâtres d'AbFab paraissent loin. Ce n'est donc pas sans la crainte d'un vieux relent de nostalgie, un regret pinçant (beurk) qu'on a reregardé les ébats cinématographiquement satiriques de Dawn French et Jennifer Saunders, datés d'avant AbFab (où Saunders fit cavalier avec Joanna Lumley, laissant sa cops French au rencart), autant dire de la préhistoire. Une dizaine de parodies des films les plus célèbres des années 80, du Silence des agneaux à Thelma et Louise en passant par Alien, Misery ainsi qu'In Bed With Madonna, sans négliger quelques pointes vers l'Antiquité (l'Exorciste, Baby Jane, et un genre de Septième Sceau, chef-d'oeuvre d'observation drolatique), que les deux givrées, avec un sens définitif de la nonchalance critique, passent à la moulinette de leur hystérie désoeuvrée, de leur esprit corrosif contre le sérieux.

Ce qu'elles font de mieux, outre manger de la soupe de réglisse à la noix de coco et servir de sage-femme dans leur appartement à une mère alien, c'est se livrer à une guerre musclée, à coups de machines à écrire sur la tête, d'accidents de bagnoles volontaires et de méchantes répliques, allant au bout de la rivalité féroce qui régit les couples comiques (remember Laurel et Hardy). Fil conducteur, cette détestation finit par devenir un film à elle seule. Cette densité vibratoire entre elles devient aussi passionnante que les trouvailles destinées à nous o