Prêt à passer 80 heures avec Chet Baker ? Chaque jour pendant près de 20 semaines, Alain Gerber va se glisser dans la peau du trompettiste écorché de partout, et nous raconter à quoi ressemblent la vie et la musique vues de là-dedans. L'entreprise n'est pas seulement biographique, «elle est d'abord romanesque», dit Gerber, qui explique avoir conçu une fiction (1 300 pages !) autour de Chet à partir d'un nombre relativement restreint de sources (notamment le Chet Baker : his life and music de Jeroen de Valk, éd. Berkeley Hills). Le reste, c'est la passion et l'imagination. Il y aura de vraies interviews (Jean-Louis Chautemps, Ricardo del Fra), des témoignages inventés (Mulligan, Parker, les parents de Baker, etc.) et puis beaucoup de musique : celle de Chet bien sûr, mais aussi d'autres musiciens, au gré des rebondissements du récit.
«Fictionner le jazz» est devenu la spécialité de Gerber, qui estime être parvenu ainsi à fusionner son goût de l'écriture et son amour du jazz. L'an dernier, il racontait/inventait Louis Armstrong. Demain, il se plongera dans la vie de Kansas City. «La fiction permet d'opérer par dévoilements progressifs. Un peu comme le personnage de Welles approchait Citizen Kane pas à pas, un peu à la manière de Dos Passos dans ses premiers romans», évoque Gerber. Qu'y a-t-il à dévoiler chez et autour de Baker ? «Je m'étais laissé avoir par le mythe. J'ai découvert un homme que je connaissais fort mal. C'était un musicien, il n'était que cela, mais un musicien