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Libération
Critique

Le Château des amants maudits

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Ciné Cinéma Succès, 20 h 45.
publié le 6 février 2003 à 22h08

Son nom sonne comme un froissement de cape, un dégainement d'épée. Riccardo Freda, considéré comme un petit maître habile de série B, encensé ultérieurement par une cinéphilie toujours prête à réviser ses hiérarchies, réveilla le péplum somnolant sous le sable des arènes (Theodora, princesse de Byzance), rouvrit les vannes de l'horreur gothique (les Vampires), précédant Terence Fisher, Roger Corman et Franju, réalisa la meilleure adaptation de Casanova (le Chevalier mystérieux), donna une énergie inhabituelle aux Misérables d'Hugo (l'Evadé du bagne), et finit en beauté à l'âge de 85 ans en manquant soi-disant d'égards à Sophie Marceau sur le tournage de la Fille de d'Artagnan, ce qui lui valut d'être renvoyé à ses pantoufles (Tavernier reprenant la barre).

Le Château des amants maudits (1956) raconte justement l'histoire d'un père tyrannique et d'une fille tête à claques, le premier perdant assez vite la bataille, victime d'un assassinat. La figure historique de Béatrice Cenci, issue d'une grande famille romaine du XVIe siècle, accusée de parricide et suppliciée, inspira Shelley, Stendhal et Artaud. Freda lui retire le crime des mains pour en faire une innocente jeune fille broyée par une machination familiale (avec Micheline Presle en belle-mère fière et fielleuse). Les ambitions de ce mélodrame historique sont essentiellement formelles et d'autant plus admirables que les moyens dévolus furent très modestes. Comme Corman ou de Toth, Freda ­ qui pourtant disait du mal du seco