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Libération
Critique

«Les Gens de la puie», Coppola sur la route

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publié le 8 février 2003 à 22h09

Plus de star, un scénario soumis à une impro permanente, un road movie parce que c’était la recette à l’époque pour sonder l’Amérique réelle, et surtout, surtout, des personnages qui ne sont plus des héros, plutôt les victimes de leurs propres égarements. A l’été 1968, Francis Ford Coppola attaque son troisième film, qui doit prouver qu’il est un «auteur». Peu après, il fera le Parrain et sa carrière prendra une dimension beaucoup moins aléatoire. Pour l’instant, comme Easy Rider qui va bouleverser profondément la donne, Coppola musarde sur la route, mais d’est en ouest, de New York vers la Californie mythique. Selon Peter Biskind (1), Coppola est parti d’une anecdote concernant ses parents. Après une querelle conjugale, sa mère avait disparu plusieurs jours, se réfugiant dans un motel. Ainsi Nathalie, bourgeoise épargnée par la vie, s’éclipse quand elle apprend qu’elle est enceinte. De cabine en cabine, elle tente d’expliquer à son mari qu’elle ne prend pas son pied dans la condition de femme au foyer... Sur cette base féministe, Coppola bricole une errance à coucher dehors.

Nathalie (Shirley Knight) prend en stop une armoire à glace souriante, ancien footballeur dont on comprend vite qu'il a un pète au casque (James Caan, formidable). Incapable de se prendre elle-même en charge, la jeune femme se retrouve avec ce fardeau sur les bras, le film orchestrant ses oscillations entre s'en débarrasser au plus vite et une curieuse tendresse qui l'unit à cet homme-enfant.

Ça aurait pu