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Libération
Critique

Enquête de fonds

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publié le 10 février 2003 à 22h11

Il y a deux ans, Denis Robert mettait le feu au Luxembourg avec Révélation$, un livre-enquête sur le fleuron du Grand Duché : la puissante Clearstream, une chambre de compensation internationale que le journaliste-écrivain décrivait comme une «lessiveuse» à argent sale. Il en a tiré un film, les Dissimulateurs, qu'il prolonge aujourd'hui avec un nouveau documentaire.

Sur la forme, petite déception, l'Affaire Clearstream (racontée à un ouvrier de chez Daewoo) ressemble plus à un docu traditionnel qu'à un film de Denis Robert. L'auteur de Journal intime des affaires en cours s'est mis en retrait et son enquête semble plus conforme aux canons journalistiques que dans l'impressionniste (et remarquable) Histoire clandestine de ma région. Sur le fond en revanche, cette Affaire... reprend les obsessions de Denis Robert : le constat d'un monde où «les paradis fiscaux [l'ont emporté] sur les services fiscaux», la démission des politiques devant la finance, la corruption généralisée. Le film raconte les bidouillages informatiques qui ont permis à Clear-stream d'effacer toute trace de transactions frauduleuses, les pressions qu'ont subies les témoins, les atermoiements de la justice luxembourgeoise. Il expose aussi les liens, plus symboliques que réels, entre ces magouilles financières et la fermeture d'une usine Daewoo dans le bassin lorrain. Un cas qui illustre parfaitement la théorie du banquier repenti Bernard Monnot : «Quand une société passe sous le contrôle des financiers, elle e