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Libération
Critique

Rêves d'ados

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publié le 13 février 2003 à 22h14

Rochers de Fontainebleau, feu de camp et discussions à la veillée... Maël, 19 ans, présente tous les symptômes de la nostalgie seventies. «C'est une époque que j'aurais bien aimé vivre», explique ce passionné de jonglage, looké baba cool, qui a arrêté la natation à cause de l'esprit de compétition. Avec ses parents, ça baigne. Sauf sur le chapitre de la cigarette qui fait rire. Pascale et Jean-Claude, enfants de Mai 1968, sont aujourd'hui contre toute dépénalisation des drogues, shit compris. Pas rancunier, leur fils leur a offert une platine-disque pour réécouter Led Zeppelin en famille. «Ça fait bizarre de les voir ramener des éléments de notre passé», disent-ils.

A travers le cas de plusieurs jeunes de 17 à 24 ans, avec toujours leurs parents en contrepoint, la sociologue Monique Dagnaud et la réalisatrice Marie-Françoise Gaucher tentent de cerner le rapport à l'héritage soixante-huitard. Continuité, rupture ou rejet, s'interrogent-elles. Réalisé en collaboration avec l'Ina, leur documentaire séduit à plusieurs titres. D'une part, pour la richesse des images d'archives proposées (quelle joie de revoir les barbes fleuries du Festival de Biot cuvée 1970 ou Michel Fugain chanter C'est la fête).

Ensuite, pour sa richesse sociologique. Non, tout le monde n'était pas dans la rue en 1968. A Rouen, dans un milieu ouvrier, le père de Mathieu et de François, des jumeaux de 17 ans, faisait les marchés dès l'aube, et le soir, fatigué, il allait se coucher. A Tours, la mère de Sana vena